03 nov. 2009 - 12:03
L'annonce de Nyse Euronext tombe à pic, alors que la Commission européenne a constitué un groupe de travail sur la faisabilité d'un marché à terme des produits laitiers en Europe, et que le gouvernement français y est très favorable. Cet outil permettrait aux producteurs comme aux industriels de se couvrir contre les fluctuations de prix, à défaut de leur garantir un niveau minimum de prix. Le ministre français de l'agriculture, Bruno Le Maire, s'est même rendu aux Etats-Unis pour étudier le fonctionnement du marché laitier à Chicago, un marché qui a donné naissance à ce qui est devenu la plus puissante bourse de commerce au monde, puisque le beurre et le lait ont été les premières denrées à faire l'objet de contrats à terme à la fin du 19ème siècle. Si le marché du beurre à Chicago a presque fondu, le marché du lait en poudre, lui, est resté bouillonnant : le lait standard, pour la fabrication du cheddar, a fait l'objet de 300 contrats pour livraison décembre en août dernier. Au total, la moitié de la production laitière américaine passe par le marché à terme de Chicago. Mais les équivalences entre la production de base et les produits transformés sont propres aux Etats-Unis, ce marché reste local, contrairement au marché des céréales, beaucoup plus facile à standardiser, et à stocker, ce qui a fait de Chicago la boussole pour le cours des grains à travers la planète.
Nyse Euronext fait le pari que les contrats à terme des produits laitiers européens, auront le même destin mondial. Il faudra faire vite : la Nouvelle-Zélande, poids lourd du marché mondial du lait en poudre, a un projet similaire. Or le chantier en Europe est gigantesque : trouver un consensus entre les producteurs et les industriels français, allemands, néerlandais, britanniques... sur les critères de qualité du sous-jacent à ces contrats... Sans compter la formation des éleveurs, peu enclins à considérer les marchés à terme comme une bouée de sauvetage suffisante, au vu des aides d'urgence que Washington a récemment dû verser aux éleveurs américains, eux aussi confrontés à la chute des cours...
Claire Fages, le 03/11/09