11 janv. 2010 - 08:57
Chaque fois qu’une compagnie sucrière est épinglée par la justice ou les autorités brésiliennes pour ces pratiques sociales déloyales les bien pensants s’en réjouissent et il y a de quoi. Que des hommes soient encore employés au XXIème siècle dans des conditions d’asservissement, de surcroît, dans un pays qui n’est plus vraiment en développement mais plutôt une puissance émergente est toujours un scandale. Bravo donc au ministère brésilien du travail qui vient de mettre sur liste noire le premier groupe sucrier du pays, Cosan. Voire la chronique de ce lundi 11 janvier.
Mais ce combat n’est-il pas déjà dépassé ? 93% des coupeurs employés pendant la saison de la coupe au Brésil sont aujourd’hui déclarés. Cosan emploie 55 000 coupeurs. Les faits qui lui sont reprochés concernent 42 employés embauchés par un sous-traitant en 2007.
Progressivement la mécanisation résout le problème à sa façon : en faisant disparaitre cette main d’œuvre. Elle avance à grande vitesse dans le principal Etat sucrier du Brésil, l’Etat de Sao Paulo. Il y a deux ans, 45% de la coupe seulement était mécanisée, ce taux est passé aujourd’hui à 55%.
Personne ne regrettera la disparition d’une tâche harassante provoquée par la mécanisation. C’est pourtant et aussi une menace pour l’emploi dans certains Etats. Le français Dreyfus, devenu le deuxième groupe sucrier du pays en 2009 qui a lui aussi été mis en accusation dans l’Etat du Minas Gerais pour non respect du droit du travail, devra bientôt se soucier du sort de ses employés menacés par l’arrivée des machines.
Notamment dans le Mato Grosso Do Sul où plusieurs ONG ont lancé une campagne de sensibilisation sur le sort des travailleurs indiens guaranis actuellement salariés du groupe LDC. Pour le moment huit hommes sur dix travaillent dans les champs de canne, la seule activité salariée proposée dans la région. Que feront-ils demain lorsque la mécanisation annoncée deviendra réalité ?
C'est l'une des préoccupations de l'ONG Sucre-Ethique qui prévoit l'organisation au Brésil d'une table-ronde sur ce sujet en juillet 2010.
1 Comments
machine arrière?
Selon Public Ledger un ministre brésilien reconnait que Cosan a été classé par erreur sur la liste noire du ministère du travail!!!
Un peu tard... Les répercussions continuent: l'unité brésilienne de Wall Mart a suspendu à titre provisoire son contrat avec Cosan. Le géant américain de la grande distribution s'est engagé à respecter le pacte national pour l'élimination de l'esclavage.