Un boulevard pour la banane dollar

A qui profite l’accord historique signé à Genève entre les producteurs latinos et l’Union Européenne ?

 
La guerre fait rage depuis quinze ans entre l’Union Européenne et les producteurs de banane de la zone dollar. L’Union qui a mis en place un système préférentiel pour sa production ainsi que pour celle exportée par les pays ACP a fini par céder aux injonctions américaines. Faute de résistants. Car il n’y avait plus que la France pour défendre les intérêts des producteurs ultra-marins ou africains dans les couloirs de l’OMC.
 
Même l’Espagne qui avait pris fait et cause pour les producteurs des Canaries était soudainement pressée d’en finir.
 
Pour le représentant de la commission chargée du dossier comme pour le secrétaire général de l’OMC, la signature d’un accord était devenue urgente.
 
Les négociateurs fiévreux qui ont fêté à Genève la signature de cet accord n’ont pourtant guère évoqué le sort des planteurs. Pensez donc ! Ils ont bien d’autres priorités en tête.
 
Mais qu’est-ce qui a fait courir tous ces protagonistes ? Le sort des producteurs latinos ? Ou bien celui des multinationales américaines, Chiquita, Dole, etc ? Ou encore les exigences de la grande distribution européenne ? Peut-être. Mais en tout cas certainement pas la prise en compte de l’économie de la banane regrette Denis Loeillet, chercheur au Cirad
 
D'après lui la résolution du conflit sert bien d'autres intérêts. 
 
Pour la commission sortante, c’est une question de réputation : parvenir à un accord sur un dossier aussi glissant, c’est une jolie performance à inscrire à l’actif du représentant de Bruxelles.
 
Pour le secrétaire général de l’Organisation Mondiale du Commerce, voilà enfin un handicap de moins sur le chemin tortueux de Doha. Tanpis si l’accord est encore juridiquement précaire.
 
Pour les Espagnols enfin, qui s’apprêtent à prendre la présidence de l’Union en janvier, voilà enfin le terrain déblayé pour le sommet prévu au printemps à Madrid avec les pays du pacte andin. La voie est maintenant ouverte pour parapher un accord de libre échange.
 
Signer la paix avant la fin de l’année était donc une cause entendue par les diplomates du commerce international. Quelques planteurs seront ensevelis avec la hache de guerre. Mais qui les entendra ?