20 nov. 2009 - 13:01
A partir du premier janvier prochain plus une seule grume ne devrait sortir du port d’Owendo. Tout le bois coupé sera transformé sur place avant d’être vendu sur les marchés extérieurs. Si la décision annoncée en conseil des ministres début novembre est suivie d’effets. Bravo pour la volonté politique affichée à Libreville, reste à voir si le calendrier pourra/ sera respecté.
Les exploitants européens présents au Gabon sont circonspects et … prudents ! Convaincus par le bien fondé de cette décision, ils émettent
mezzo vocce un certain nombre de réserves.
Voire la chronique de ce jour.
Ils souhaitent des délais, une politique de concertation et d’accompagnement pour mettre en œuvre cette décision précipitée. Les plus demandeurs sont les sociétés qui estiment être les bons élèves de la filière gabonaise, c’est-à-dire ceux qui ont investi dans la certification durable et qui ont anticipé le passage à la transformation locale du bois. Leur message a été transmis à l’Elysée. Le sujet sera probablement au menu du déjeuner prévu aujourd’hui à l’Elysée entre le président Sarkozy et le nouveau dirigeant du Gabon qui effectue sa première visite d’Etat en France.
Les salariés de l’entreprise Plysorol basée en France doivent redoubler d’inquiétude : Cette entreprise reprise par une société chinoise en avril dernier (
voire le champion français du contreplaqué reprise par un chinois) voit son sort directement menacé par la fin des exportations gabonaises de grume car elle est alimentée par du bois brut exporté par sa filiale gabonaise.
C’est peut-être un coup fatal pour cette entreprise qui doute de plus en plus des intentions de son repreneur.
Les salariés sont allés jusqu’à séquestrer leur patron chinois de passage à l’usine de Lisieux.
Voire Ouest France.
Le sort réservé à leur filiale gabonaise devrait les éclairer : depuis le printemps les effectifs ont fondu de moitié au Gabon.
Coup politique ou volonté réelle? Cette annonce laisse sceptique un certain nombre d’experts : voilà bien vingt ans que les bailleurs proposent des projets d’industrialisation de la filière au Gabon … Sans grand écho jusqu’à maintenant. Ali Bongo doit maintenant dépasser l’effet d’annonce.
Conséquence indirecte : la nouvelle impulsion donnée par Ali Bongo permettra peut-être d’accélérer le processus de conversion de dettes qui tarde à se concrétiser dans la filière bois… Faute de projet crédible présenté par le Gabon! Explications : l’année dernière le président Sarkozy a proposé d’effacer la dette gabonaise lors de sa visite à Libreville. Le remboursement des 60 millions d’euros dus sera bien effectué par l’Etat gabonais mais l’argent transitera par l’Agence Française du Développement pour être réinjecté dans la filière bois. Or pour l’instant le seul projet présenté, un centre mirobolant des métiers du bois et de l’ébénisterie, n’a pas convaincu les partenaires français.