10 nov. 2009 - 16:22
On s’attendait à une commande de 300 000 tonnes, c’est finalement le double que Manille importera à partir du premier décembre. Une nouvelle fois les Philippines jouent les perturbateur. En important des quantités massives. Trop massives. En 2008, l’archipel qui dépend fortement du marché mondial pour son approvisionnement a contribué à alimenter la panique sur le marché du riz en lançant des appels d’offre du même ordre de grandeur. Chaque nouvel appel provoquant une onde de choc sur le marché. Les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets, on peut redouter aujourd’hui une nouvelle flambée du marché du riz en 2010.
D’autant plus qu’un grand pays producteur, et traditionnellement exportateur, l’Inde, a envoyé un signal inquiétant à la fin octobre. Malgré un embargo de presque deux ans sur ses exportations (à l’exception du basmati), le sous-continent n ’est toujours pas auto-suffisant, il a besoin aujourd’hui d’importer du riz pour couvrir ses besoins. L’information a fortement impressionné le marché. Voire
la chronique de Claire Fages du 4 novembre 2009.
4 Comments
600.000 tonnes, ça commence à faire un joli chiffre… Soit environ 280 millions de dollars. Il semble que les Philippines cherchent à boucler leur approvisionnement dès maintenant pour 2010 à des prix de fin 2009. Ils misent donc sur des niveaux des prix plus élevés courant 2010. Ce qui n'est probablement pas faux. Mais, cette option est hautement risquée pour la stabilité et le bon fonctionnement des marchés rizicoles. Imaginons que l'Arabie Saoudite, l'Iran, l'Irak, l'Indonésie et le Nigeria (des importateurs de plus d'un million de tonnes chacun) et acheteurs solvables grâce à leur rente pétrolière, venaient à anticiper aussi leurs achats pour 2010... La semaine dernière on évoquait la responsabilité des exportateurs. Les gros importateurs aussi en ont la leur...
300 000 tonnes + 300 000 tonnes + 600 000 tonnes (de riz recherché par Manille) = des cascades d’huile jetée sur le marché du riz. Une fois de plus par les Philippines.
Manille a annoncé ce lundi le lancement d’un deuxième appel d’offres pour 600 000 tonnes de riz. Si les appels sont fructueux, l’archipel aura sécurisé l’importation de un million 450 000 tonnes pour 2010, soit 80% des quantités importées en 2009.
Mais pourquoi tant de précipitation, pourquoi tant de pression s’interroge le négoce ? Les Philippines ont-ils intérêt à faire grimper les prix, sachant qu’ils sont le premier pays importateur au monde de riz ? Le calendrier électoral, l’élection présidentielle de mai, y serait-il pour quelque chose ?
fausse alerte?
vous avez sans doute raison Patricio et votre vision d'expert universitaire rejoint celle du négoce. Voyez la chronique que je consacre à ce sujet ce mercredi 12 novembre. Beaucoup de questions restent posées, l'échange se poursuit sur le blog...
Chronique d'une flambée annoncée ?
Bonjour Dominique, j'ai lu attentivement les différentes chroniques qui annoncent une nouvelle flambée des prix en 2010. Similaire à 2008 ? Je ne le crois pas. L'origine de la hausse brutale des prix mondiaux en 2008 a été la limitation volontaire des exportations des principaux fournisseurs mondiaux ; ceci pour atténuer ou neutraliser les effets inflationnistes sur les économies asiatiques causés par l'envolée des prix mondiaux du maïs et du blé ; produits dont les pays asiatiques sont fortement déficitaires et donc grands importateurs. Il ne s'agissait pas non plus d'une réaction à une demande d'importation soudaine et importante. Or, pour 2010, la demande d'importation, même si elle devrait être en progression, elle ne sera pas fondamentalement différente qu'en 2009. De plus, les principaux exportateurs (autre que l'Inde) n'ont nullement annoncé, pour l'instant, qu'ils comptaient limiter leur exportations. Bien au contraire. Ils espèrent profiter de la défaillance de l'Inde pour augmenter leurs ventes. Les cours vont certainement être tendus en 2010 mais les niveaux devraient rester bien en dessous des prix plafond observés en 2008.