Sarkozy intervient pour débloquer un contentieux avec la Syrie

Un grain de blé grippait les rouages du rapprochement entre Damas et Paris. Grâce à l’intervention du président de la république française le voilà ôté, ou presque…

 

L’affaire est classée « confidentielle défense » dans le milieu du négoce des céréales : personne ne se risque à commenter le contentieux enfin dénoué entre la société française Granit Négoce et les autorités syriennes. Car si les litiges sont courants dans le négoce, (voire la chronique du 2 juin 2009 sur le blé russe rejeté au Caire) il est plus rare qu’il se règle grâce à une intervention présidentielle.

 

Rappel des faits : depuis juillet un bateau transportant 20 000 tonnes de grains destinés à la Syrie était bloqué dans le port de Tartous. C’était le dernier chargement d’une commande de 150 000 tonnes passée auprès de Granit Négoce, la société chargée de commercialiser la production de la coopérative Epis Centre. Alors que les livraisons précédentes s’étaient déroulées sans encombre, celle-là pose problème. La marchandise ne correspond plus aux spécifications syriennes. Pourtant le blé a été vérifié à l’embarquement à Nantes puis à l’arrivée à Tartous par les inspecteurs syriens ad hoc. Alors comment expliquer ces  blocages? La baisse des cours du blé y serait-elle pour quelque chose? A moins que le sous-titre de l'histoire ne soit plus politique? En tout cas, pour Granit Négoce, l’immobilisation d’un bateau est une lourde charge, surtout quand elle dure aussi longtemps.

« Vous savez c’est toujours compliqué de travailler dans ces pays » témoigne du bout des lèvres un trader préférant bien sûr gardé l’anonymat. De bonnes sources, certains négociants ont renoncé à travailler avec la Syrie. Trop tatillonne, trop bureaucrate, trop compliquée !

 «L’orient compliqué » ? Ca nous rappelle quelque chose : une formule du général De Gaulle qui est devenue un lieu commun de la géopolitique.

L’affaire qui n’a eu aucune incidence sur le marché. (il en faut plus pour faire tressaillir les cours sur Euronext) a pris soudainement une tournure plus politique avec l’intervention du président Sarkozy. L’agence Reuters qui relate l’histoire depuis son bureau de Damas a vu la lettre envoyée par le chef de l’Etat au président Assad. En substance, explique le chef de l’Etat, une solution rapide doit être trouvée à ce litige qui pourrait affecter l’avenir prometteur des relations commerciales entre les deux pays.

Message reçu 5 sur 5 à Damas. Un accord a été enfin trouvé, le bateau immobilisé depuis juillet a pu repartir ce lundi. C’est-à-dire juste avant la visite à Paris du ministre syrien des affaires étrangères.

 Reste en suspens deux ou trois questions : vers quelle destination est partie la cargaison ? Combien a coûté cette immobilisation à Granit Négoce ? La société française va-t-elle réexpédier un autre cargo comme l’affirme un officiel syrien cité par l’agence ?

 

Le contexte céréalier: la Syrie, comme d’autres pays de la région, a du recourir à des importations importantes de blé pour combler le déficit céréalier causé par la sécheresse. Voire la chronique du 6 septembre 2008

 

Le contexte politique français : un omniprésident, c’est parfois bien utile, ce ne sont pas le négociants en céréales qui vont s’en plaindre !

 source: reuters

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