08 juill. 2009 - 10:36
Cette idée est chère à Nicolas Sarkozy, il l’a évoqué à plusieurs reprises ces derniers mois. « Il n’est pas raisonnable, déclarait récemment le président français, de laisser les spéculateurs faire varier artificiellement les prix de l’énergie ». Un plaidoyer qui va droit au cœur des consommateurs, surtout en Europe où l’on est prompt à dénoncer ces usurpateurs du marché.
Les spéculateurs ont des visages divers. Il y a les professionnels indélicats. La semaine dernière, un trader britannique a réussi à faire grimper les cours de 2,5 dollars en quelques heures en prenant une position disproportionnée avec la taille de son activité. Le spéculateur peut aussi être un acteur légal de la finance. Un fonds par exemple, aux Etats-Unis, le United State Oil Fund, trouble le marché depuis plusieurs mois avec une position acheteuse encore une fois trop large qui fausse le jeu chaque fois qu’un contrat arrive à échéance. En liquidant sa position et en rachetant la suivante, l’investisseur surchauffe les échanges.
Ces deux types d’acteurs sont dans le collimateur des autorités. Le premier est normalement poursuivi en justice. Le second commence à faire réfléchir le gendarme américain des marchés. A l’avenir la CFTC veut limiter le volume des positions prises par les différents opérateurs. La réforme devrait être annoncée à la rentrée. Il existe enfin une dernière catégorie de spéculateur – qui se confond d’ailleurs avec les deux précédemment décrites – qu’il est plus difficile et plus discutable de mettre hors jeu.
Il s’agit de la société ou de l’individu qui estime que le pétrole se raréfie et qu’il faut donc acheter aujourd’hui les barils dont nous aurons besoin demain ou après-demain. Celui-là sert les intérêts de l’industrie pétrolière qui peut grâce à la hausse des cours financer les investissements pour élargir son offre. C’est celui en quelque sorte qui tire la sonnette d’alarme, empochant au passage un joli bénéfice sur son pari. Pas question de se passer de ce guetteur. C’est pourquoi la proposition franco-britannique d’encadrer le prix du pétrole dans une fourchette prédéterminée ne trouve qu’un faible écho sur les marchés pétroliers.