La demande en mariage de Xstrata: inacceptable pour Anglo!

Un nouveau projet de méga-fusion dans le secteur des métaux annoncé ce week end semble déjà compromis.  Le géant suisse Xstrata voudrait se marier avec le sud africain Anglo American pour devenir le plus grand groupe minier au monde.  La prestigieuse maison a déjà décliné l’offre.

 

 

L’histoire récente a démontré que la réalisation de ces méga-fusion est extrêmement aléatoire. A un tel niveau de concentration, les manœuvres sont délicates car une multitude d’acteurs redoutent la formation de ces oligopoles des mines. Souvenez-vous de l’échec de l’OPA hostile de BHP Billiton sur Rio Tinto. Le numéro 2  s’est battu comme un diable contre le numéro un. Pour finalement créer une co-entreprise avec son agresseur. Comme ses actionnaires ont refusé le mariage de raison envisagé avec les Chinois de Chinalco pour échapper à l’emprise de BHP, Rio Tinto a consenti à signer un genre de pacs avec son ennemi d’hier. Tout est possible dans ces  sagas financières et minières, la fin de non recevoir opposé hier à Xstrata ne signale donc pas nécessairement que le dossier est clos.

Dans cette fusion qui aboutirait au premier groupe minier au monde, les craintes les plus évidentes proviennent du marché du platine. Les deux groupes ont des participations dans des sociétés sud africaines clé dans la production. Pretoria ne va-t-elle pas s’opposer à un rapprochement qui induit des réductions d’emploi dans un secteur déjà sinistré ? Les actionnaires d’Anglo American basés en Afrique du Sud ont rapidement fait savoir qu’ils étaient défavorables à cette alliance. La peur de voir sa position diluée sur le platine est d’ailleurs le principal argument avancé par la compagnie. Elle jouit d’une exposition minière à faire pâlir d’envie. Outre le platine, elle est présente dans le charbon, le fer et le diamant. En revanche sa situation financière est délicate. En raison de la crise,  mais aussi à cause des prêts sans intérêts qu’elle a accordé à la De Beers, le numéro un mondial du diamant dont elle est actionnaire. La plupart des analystes ont trouvé l’offre de Xstrata alléchante pour Anglo. Mais le groupe suisse a peut-être été un peu trop pressé de grandir. Après tout il a émergé comme géant minier il y a trois ans seulement. En pleine euphorie,  la compagnie helvétique avait pris d'assaut le canadien FalconBridge, au nez d'une autre société canadienne elle aussi aujourd'hui engloutie par le torrent de la concentration minière.