De l'eau dans le gaz
Le marché américain du gaz est en pleine déprime. Il évolue très différemment du pétrole. La divergence est stupéfiante et inhabituelle. Le baril a plongé pour mieux rebondir. Il vaut aujourd’hui environ 70 dollars, deux fois moins que l’été 2008. Mais, le gaz lui est encore trois fois moins cher qu’il y a presque un an.
Il sombre depuis juillet 2008. Le contrat de référence, le million de btu, british thermal unit pour les initiés, valait alors environ 13 dollars, il n’en vaut plus que 4 en ce moment.
C’est vrai qu’il n’y a pas d’Opep du gaz à même de réguler le marché puisque c’est encore un marché en grande partie continental. Mais, il faut reconnaître que les producteurs américains ont rapidement réagi. Ceux qui, en pleine euphorie, ont ouvert de nouveaux puits, les ont rapidement désactivés l'automne dernier. Mais pourtant les cours ne remontent pas. D’abord parce que les Etats-Unis continuent à importer le gaz naturel liquéfié, encore compétitif par rapport à la production domestique. Voilà qui gonfle les stocks. Ils sont anormalement élevés, + 30% par rapport à 2008. Et les cours ne redécollent pas parce que même avec moins de puits, la production américaine faiblit trop mollement.
Les sociétés extractives font souvent du pétrole en même temps, les gains réalisés avec l'embellie de l'or noir leur donnent les moyens de continuer à pomper du gaz. Pour préparer sa renaissance. L’hydrocarbure de loin le moins polluant sera à nouveau très demandé, prévoient-ils, dès que la loi sur les réductions des émissions de carbone sera en place, c’est-à-dire très vite, en 2010. C’est le pari des producteurs.
Et des investisseurs. Ils sont en train de se gaver de gaz. Un fonds vient de demander au gendarme de la Bourse américaine l’autorisation de multiplier ses positions acheteuses par cinq. Les banquiers redoutent le pire. D’après un commentateur, le marché du gaz serait pour les investisseurs ce que la junk food est au genre humain. Une alimentation artificielle qui fait très vite gonfler. Attention à l’accident cardiaque.
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