La réunion de l’Opep, une formalité pour le marché

Les marchés pétroliers ont touché, le 27 mai 2009, leur plus haut niveau depuis six mois. A New York, le baril a clôturé la séance à 63,45 dollars. Avec une telle envolée des prix, on se demande si la réunion de l’Opep, prévue le 28 mai 2009 à Vienne, est vraiment utile.

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Les pays exportateurs de brut qui s'efforcent, depuis l’automne 2008, de ramener les cours du brut vers un niveau qu’ils estiment viable sont aujourd’hui comblés. Personne n’aurait parié lors de leur dernière rencontre, en mars 2009, que le baril dépasserait le cap des 60 dollars aussi rapidement. Le prix du pétrole a quasiment doublé depuis le plus bas enregistré en février 2009. Depuis le début de l’année 2009, les cours ont regagné 40% de leur valeur. Dans ces conditions, l’Opep devrait se contenter aujourd’hui de demander à ses membres une plus grande discipline dans le respect des quotas. La réduction de la production de 4 200 000 barils par jour décidée en décembre 2008 ne s’est pas encore complètement concrétisée. Mais, l'adhésion aux quotas est passée au second plan au regard de l'évolution récente du marché. La demande en pétrole commence à se réveiller. Le 27 mai 2009, le ministre saoudien du pétrole a rempli d’aise les opérateurs des marchés pétroliers en affirmant que les commandes de l’Asie sont en train de repartir.

Du côté de l’offre, les troubles actuels dans le delta du Niger ont aujourd’hui beaucoup plus de poids que toute parole ou action des membres de l’Opep. La dernière attaque des rebelles du Mend, menée le 25 mai contre des oléoducs, ampute la production du Nigeria de 100 000 barils par jour. Cet ex-premier producteur du continent africain a la capacité de sortir 3 200 000 barils par jour. A cause des sabotages répétés menés par des groupes armés qui disent se battre pour la défense des populations locales, à peine la moitié est produite sur place. Pour mettre un terme définitif à ces actions de guérilla, l’armée a lancé une vaste offensive, mi-mai 2009. Cette opération a déjà fait des victimes parmi les civils. Si elle venait à dégénérer en un conflit d’une plus vaste ampleur, les coupes dans la production nigériane pourraient être beaucoup plus importantes. C’est aujourd’hui ce qui préoccupe les marchés pétroliers.