Stocks de blé européen au printemps, une situation inédite

En Europe, les céréaliers stockent le blé de l’an dernier pour profiter des prix plus rémunérateurs de la prochaine récolte. Une situation très inhabituelle en cette période.

Cette chronique a été diffusée sur RFI.

 
D’ordinaire, le blé européen livrable entre mars et juillet se vend plus cher que le blé livrable à l’automne. La raison en est simple, au printemps, les stocks sont au plus bas, juste avant la moisson. Après l’été, l’abondance fait baisser les prix.
Mais cette année, on assiste à un retournement du marché assez curieux.
En Allemagne, en France, en Grande-Bretagne, la tonne de blé livrable en novembre se vend entre 5 et 12 euros de plus que l’ancienne récolte !
Les raisons ? De sérieuses craintes sur les prochaines moissons. Les experts de Stratégie Grains ont revu à la baisse la production de blé dans l’Union européenne. Elle ne devrait pas dépasser 128 MT, 8% de moins que la récolte, il est vrai pléthorique, de l’an dernier.
L’Espagne a vu ses surfaces de blé reculer, les agriculteurs ayant été déçus par la dégringolade des cours. Depuis les 300 euros la tonne du début 2008, ils ont été divisés par deux. La sécheresse a également frappé en avril et en mai, dans ce pays, mais aussi en Italie, et en Europe de l’Est. De la Hongrie à la Bulgarie, pour ce qui est de l'UE. Mais aussi sur les bords de la mer noire, en Russie et en Ukraine, les récoltes s'annoncent très décevantes…
Et l'on n'est pas plus optimiste de l’autre côté de l’Atlantique ! L’Argentine asséchée pourrait ne pas pouvoir exporter un seul grain de blé la saison prochaine. Quant aux Etats-Unis, premier exportateur mondial, les pluies ont empêché d’achever les semis de printemps et elles ont retardé la croissance du blé d’hiver…
Tout concoure à cette inflation inédite du blé livrable à partir de l'automne prochain.
Résultat, les agriculteurs européens attendent pour écouler les derniers stocks de la récolte de l'an dernier. Et ce, malgré les coûts que représente ce stockage prolongé. En France, six semaines seulement avant la fin de la saison 2008/2009, le cabinet de gestion Agritel estime que certains céréaliers n’auraient toujours pas vendu la moitié du blé récolté l'an dernier.
 
Claire Fages