Le pétrole se rebranche sur les fondamentaux

Le cours du pétrole brut a franchi la barre des 62 dollars en cours de séance à New York, ce mercredi 20 mai 2009. Un record depuis six mois, qui semble lié, cette fois, à une tension entre l’offre et la demande.

Cette chronique a été diffusée sur RFI.

 
Depuis deux mois, les prix du pétrole semblaient avant tout branchés sur l’évolution du « Dow Jones » et du dollar. Un regain sur le marché des actions dopait artificiellement les cours du brut. La baisse du dollar, aussi, la chute du billet vert rendant le pétrole, libellé en dollars, plus intéressant pour les détenteurs de monnaies fortes…
Ces facteurs « externes » au marché du pétrole, lui-même, sont toujours à l’œuvre. Mais il semble que les « fondamentaux » de cette matière première commencent à reprendre leur place.
Il s’agit de l’offre et de la demande. La demande semble se redresser aux Etats-Unis, le premier consommateur mondial. La semaine dernière, les stocks de brut, et surtout d’essence, ont d’après le rapport du Département américain à l’Energie, dévoilé ce mardi, baissé beaucoup plus brutalement que prévu. Les réserves d’essence ont diminué de 4 millions 300.000 barils, c'est quatre fois plus de consommation que ce qu'on attendait. Les stocks sont même inférieurs au niveau de l'an passé, à la même période, il sont en-dessous de la fourchette basse moyenne en cette saison ! Parallèlement, les raffineries ont accéléré les cadences, pour fournir suffisamment de carburant. Or nous sommes à l'aube du long week-end du Memorial Day, aux Etats-Unis : les Américains vont prendre la route et ne cesseront plus de le faire tout au long de la  "driving season", la saison des beaux jours.
Ce regain de la demande se conjugue à une soudaine tension sur l’offre : au Nigeria, les troubles dans le Delta ont poussé l’Italien ENI à cesser ses exportations à partir de Brass River. En début de semaine, il y avait encore des combats près d’une station de pompage de l’américain Chevron, et la sécurité autour du champ offshore de Bonga a dû être renforcée, ce qui va fatalement ralentir les exportations de brut nigérian. Hasard du calendrier : parallèlement, en mer du Nord, c’est la saison de la maintenance, qui paralyse les plateformes pétrolières.
Les investisseurs ont fortement réagi à ces données, hissant le pétrole brut léger américain au-dessus des 62 dollars en cours de séance ce mercredi 20 mai 2009, son plus haut niveau depuis le 10 novembre dernier !
 
Claire Fages