Par ici la monnaie…

Les marchés de matières premières sont à nouveau les terrains de chasse des spéculateurs professionnels.

 

« Faites vous du blé » titrait la semaine dernière un hebdo français spécialisé en finance -Moneyweek. Le choix de cette céréale pour conseiller aux lecteurs d’investir sur les matières premières agricoles n’est pas très heureux puisque c’est sans doute le grain qui a le plus faible potentiel de hausse en 2009. Mais le message a le mérite d’être clair : les matières premières redeviennent une classe d’actifs riches de promesses. Les fonds éreintés par la débâcle de l’hiver avaient déserté les marchés et surtout ils se taisaient. Mais les revoilà plus confiants que jamais. Et généreux en conseil… Le fonds américain US Global Investors recommande d’acheter du pétrole et du cuivre. Lors d’un déjeuner de presse organisé au début du mois d’avril à Paris, l’analyste de Schroders répète avec la foi du charbonnier que les marchés de matières premières ne peuvent que ... grimper! Courbes ascendantes à l’appui. A cause de l’inflation pas encore sensible mais imminente. De la baisse du dollar, là aussi pas encore d’actualité mais que l’intervention publique rend inéluctable. A l’écoute de ce discours bien rodé et d’ailleurs assez répandu on finit par se demander si la crise a vraiment eu lieu. Les marchés au pinacle ont quasiment tous implosé mais ils sont déjà repartis à l’assaut des sommets. Alors par ici la monnaie : c’est-à-dire vers les fonds qui géreront au mieux des capitaux étrillés ces derniers temps sur les autres marchés. Au risque de participer à une course en avant parfois suicidaire, souvent fatale à ceux qui ne courent pas dans la même catégorie. A-t-on oublié que la spéculation sur le coton qui a culminé en mars 2008 a envoyé aux urgences plusieurs sociétés de négoce ? Sait-on qu’il y a encore des sceptiques qui s’interrogent sur le rôle joué par des grandes banques américaines (notamment Goldman Sachs) dans l’envolée du pétrole (voire Forbes Asia du 13 avril 2009) ? Se souvient-on surtout que le cours des matières premières, s’il monte au firmament, redescend encore plus vite et plus bas lorsque la « spéculation » est excessive ? Je ne sais pas si on se souvient encore de tout cela. Sur tous les tons des opérateurs exsangues exigeaient l’été dernier des règles plus strictes pour jouer sur les marchés de matières premières. On ne les entend plus, peut-être ont-ils disparu… Mais les joueurs, eux, sont de retour, et leur voix est puissante.

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