05 avr. 2009 - 21:50
Les habitants d’un bidonville se mettent à jardiner bio. Cela se passe au Kenya, à Kibera, dans la banlieue de Nairobi.
L’agriculture bio se pratique sans complexe dans le plus grand bidonville de Nairobi : sur une ancienne décharge où les habitants de Kibera abandonnaient leurs détritus poussent maintenant des tomates et des concombres. Des légumes cultivés sans pesticides ni fertilisants. Le potager a été créé juste après les émeutes qui avaient embrasé ce quartier en 2008 au moment de l’élection contestée. Il fallait alors trouver un moyen simple et rapide de pallier les pénuries de produits frais consécutives aux troubles. Le résultat dépasse les espérances des jeunes engagés dans le projet. Ils produisent plus que prévu et empochent déjà un revenu de 10 dollars par semaine. Le début de la fortune dans ce quartier déshérité où s’entasse un million d’habitants. Les Occidentaux prêt à passer sur l’empreinte carbone pour importer les tomates de Kibera par avion express seront déçus. Pour le moment, pas question pour ces jardiniers du bitume de vendre sous l’étiquette bio : il faut pour cela obtenir un label certifié, un processus long et coûteux ! En attendant on continuera à apprécier les haricots du Kenya sur le marché européen : tout sauf bio, ils font aussi vivre une partie de la population au champ.
5 Comments
La démarche est honorable, le bio peut nourrir la planète, la démonstration peut être faite.
Compte tenu de la densité démographique des bidonvilles de Nairobi dont les principaux sont Kibera (1 million d'habitants) et Mathare (500 000 habitants), il n'y a guère de place pour cultiver et guère de garantie pour profiter de sa production. Il n'est pas rare de voir les ronds-points plantés de maïs ou d'épinards dans la capitale, ou de dénicher quelques modestes plantations aux abords des routes non encore goudronnées dans certains quartiers de Nairobi. Quelques faits sur Kibera, "le bidonville le plus étudié d'Afrique": le bidonville est situé à environ 5 km du centre-ville, au sud-ouest de Nairobi et s'étend sur 250 hectares. Il surplombe le barrage de Nairobi: une retenue d'eau d'environ 98 000 m3, sorte de réservoir de secours de la ville, construit en 1953. La ligne de chemin de fer Nairobi-Kisumu et la rivière Ngong bordent Kibera. Le passage du train en plein milieu du bidonville même à petite vitesse n'est pas un modèle de sécurité ferroviaire. Les premiers habitants du village de Kibera (les "Nubiens" -mais sans rapport avec la Nubie- du King's African Riffles) ont été des soldats de la Première guerre mondiale, récompensés par les Britanniques. En 1999, un projet de réhabilitation du bidonville -dans le cadre des objectifs du Millénaire- a été lancé par le gouvernement du Kenya, avec le soutien financier de la Banque mondiale, de l'agence française de développement et du département de développement international (Royaume-Uni) et de l'agence onusienne HABITAT (dont le siège est à Nairobi). Si ce projet comportait des volets "durs" comme des ordres de déguerpissements ou impliquait des tractations et contrats pas très clairs pour l'installation de canalisations, il n'en demeure pas moins que les réseaux associatifs ont été mobilisés pour participer à cette réhabilitation. Les violences post-électorales n'ont pas épargné Kibera en 2008: la communauté luo, liée à l'opposant Raila Odinga, est bien établie dans le bidonville.
super mais si c'est sur une décharge n'y a-t-il pas des risques d'y avoir des produits toxiques enfouis ?
L'info circule depuis quelques jours sur le site de l'agence Thomson-Reuters. Si certains d'entre vous sont sur place, ils peuvent aller jeter un coup d'oeil, envoyer des photos, à votre bon coeur...
Très intéressant, on voudrait même en avoir un peu plus !