Le charbon, toujours plus

Le pétrole est reparti à l’assaut des sommets, et dans son sillage, le charbon vapeur. Le charbon employé pour alimenter les centrales électriques, est repassé bien au-dessus de la barre des 70 dollars la tonne. Que ce soit en Australie ou en Afrique du Sud, les deux principaux exportateurs de charbon.

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Il a commencé à grimper en mai, à cause de l’envolée du fret. Ensuite, le mouvement de hausse a contaminé la matière. Le prix du charbon sud-africain, rendu Europe pour une livraison immédiate, est passé de 64 dollars la tonne à la fin du mois de mai 2009 à 71 dollars en juin 2009. En Australie, le charbon destiné à l’Asie vaut 6 dollars de plus. A cause de la crise, l'offre est pléthorique, ce n’est donc pas l’affaiblissement des stocks qui renchérit les prix mais plutôt la hausse de la demande, surtout en provenance d’Asie. Les Indiens importent en ce moment d’Australie, mais aussi d’Afrique du Sud.

Quant aux Chinois devenus sur-capacitaires, ils profitent de la crise pour redimensionner leur industrie et l’adapter aux normes internationales. Au moment où la volonté de réguler les émissions de carbone progresse à grands pas avec l’arrivée à la Maison Blanche de Barack Obama, l’intérêt pour le charbon, loin de faiblir, se renforce, essentiellement dans les pays émergents.

En 2008, la consommation de charbon a augmenté de 3% tandis que celle du pétrole se repliait. Les pays émergents devenus, en 2008, les premiers consommateurs d’énergie, devant les pays de l’OCDE, sont aussi les premiers contributeurs aux émissions de carbone liées à l’usage du charbon. En Occident, la consommation a chuté en Europe, en revanche elle se maintient aux Etats-Unis, qui sont encore un grand pays producteur et consommateur. Le charbon représente le quart de son mixte énergétique.

Paradoxe à l’américaine : au moment où l’administration renforce la législation environnementale et prépare sa loi sur le climat, la consommation de charbon grimpe en flèche dans les centrales américaines alors que le gaz est une alternative bon marché et surtout deux fois moins polluante. Une hausse tactique, supposent les experts en carbone. Pour mieux réduire les émissions, les électriciens américains ont intérêt à partir du plus haut possible.