La "gur" mandise, le pêché mignon du marché du sucre

 
L’Inde et son incertaine production sucrière joue cette année encore les trublions sur le marché. Tout dans ce pays continent concoure à rendre le marché imprévisible selon Olivier Crassard de Sucres et Denrées.
 
 
La tradition du gur est sans doute le facteur de hausse le plus exotique pour les  non initiés. Le gur ou diagré est une sorte de sucre partiellement raffiné à partir de la canne. Cet ingrédient est très prisé par les Indiens, on le consomme à l’occasion des mariages. Selon Olivier Crassard de Sucden, le gur miller (document video Sucden) est si bien inséré dans la vie rurale qu’il ne souffre pas de la baisse de la production de canne. Il propose au paysan un prix suffisamment attractif pour alimenter son moulin. Le gur absorbe bon an mal an près de la moitié de la canne coupée. Si la production de cet ingrédient est stable, celle de sucre pâtit d’autant plus d’un fléchissement de la production.
 
Mais il y a bien d’autres facteurs que les analystes ont du mal à cerner pour évaluer l’ampleur de la production indienne : les cultivateurs de canne ne sont pas spécialisés dans ce produit. Si le blé ou le riz offre une meilleure rentabilité, ces céréales seront préférées à la canne. D’où la totale navigation à vue des analystes pour déterminer la production indienne. Seule certitude : quand les cours du sucre remontent, ils encouragent les planteurs indiens et quand ils baissent ils les découragent.
 
D’une région à l’autre, la gestion de l’eau, les rendements, l’organisation de la filière, et bien sûr l’impact de la mousson varient, ce qui rend encore plus aléatoire une évaluation de la récolte.
 
Face à ce producteur/ consommateur erratique, le Brésil a fait contre-poids jusqu’à maintenant en offrant au marché une production en hausse constante. Mais cette année la pluie a contrarié les ambitions du géant sucrier. La météo défavorable à la coupe a mis en évidence ses fragilités : même avec des capacités de broyage en expansion, quand les précipitations rendent les chemins boueux et empêchent les braceros d’entrer dans les champs, la production brésilienne se fait désirer.
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